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Premières Camille Vernet

Fiche de lecture #2 : "L'épreuve du réel à l'écran" de François Niney

Dernière mise à jour : 2 mai 2019


 

Couverture. (deuxième édition du livre parue en 2002)

Cet essai, publié pour la première fois en 2000, remet en question le rapport de la réalité “immédiate” transmise par le documentaire avec ce que les images donnent à voir : la volonté de vérité sur le monde est-elle toujours objective ? Comment le spectateur doit-il interpréter ces représentations du réel ?


“Que valent ces miroirs des événements?”


L’auteur constate les formes de représentation du réel à l'écran (médias d’actualités, télévision et reportages, propagandes…) à travers l'analyse approfondie des inventions du langage audiovisuel. Au fil des réflexions, l’écart entre le “réel” et la “réalité” se creuse.


L'auteur, François Niney.


Philosophe de formation, docteur en Études cinématographiques, il enseigne l'Esthétique du cinéma dans des écoles spécialisées et dans des universités. Il consacre ses principales recherches à la question du "montage" de la réalité et des relations entre réel et fiction. Il réalise également des documentaires. Il est le père du comédien Pierre Niney.








L’essai est structuré en cinq parties et composé de dix-huit chapitres dans lesquelles l’auteur se penche sur…


« La (re)production du monde » : “Capturer le réel” ; l’invention d’un siècle bouleversé de voir la vie sur un écran : reproduire la vie en toute objectivité est contrainte par le montage et par les prises de vue.

« Du parlé au parlant » : Les moyens qu’utilisent les cinéastes pour “parler” : la propagande, “premier média de masse” qui impose un point de vue, mais encore avec le détournement des images et des voix (Resnais, Marker, Franju) et le montage narratif Wiseman.

« Le film comme preuve ou épreuve ? » : La différence entre le “cinéma-vérité” et la télé-réalité, la conception du futur au cinéma, l’apparition de la télésurveillance, ainsi que la caméra subjective : au plus proche du réel ?

« Théâtre de la mémoire » : Le rôle des archives et les reconstitutions au service de la science.

« Vertus du faux » : Les interférences entre la fiction et le documentaire.



QUELQUES CLÉS DE L’OUVRAGE


❖ Le documentaire se veut objectif sur la réalité du monde alors qu’il ne représente qu’une seule réalité, celle du réalisateur. Le film n’est donc pas la réalité mais un reflet, une interprétation de celle-ci par le cinéaste. (On parle de “filtre de subjectivité”)

❖ La fiction se distingue du documentaire : le premier est le monde dans le cadre tandis que le second est le cadre dans le monde. (Quelles limites ?)

❖ La voix-off est-elle vouée par la fatalité technique ?

❖ Comment des codes filmiques reposant sur des procédés techniques font leur appartenance à un genre : les choix du réalisateur dans sa représentation (esthétique, nature, rapports et relation avec le spectateur).



QUELQUES CITATIONS MARQUANTES


“Le monde est à revoir ; le détour par l’écran peut-il nous aider, au risque des cauchemars et des spectres, à le repenser et à le rêver de nouveau ?”

“Le réel, c’est ce qui reste quand on a tout oublié des possibles…”

“On ne peut pas reproduire le réel, il est toujours passé et jamais fini.”



MON AVIS


Le passage sur l’étude de la méthode de travail du réalisateur Frederick Wiseman m’a particulièrement marqué. La notion du “montage narratif” étudiée est intéressante : Caractéristique de son œuvre, cette forme de réalisation consiste à assembler les rushes jusqu’à établir des connexions entre eux grâce à leur contenu.

La narration rentre alors en jeu à partir du stade de la post-production, avec le développement d’un point de vue choisi. Wiseman déclare même, lors d’un entretien avec l’auteur, de « ne jamais savoir exactement quel sera le thème majeur du film avant de s’asseoir dans la salle de montage », où il y passe « au moins six mois ».

Créer des rapprochements esthétiques et dramaturgiques entre les scènes après le tournage du film ne peut donc que fortifier l’expérience du réalisateur.


Je le conseille fortement pour ses questionnements sur les rapports de dualité entre réception et perception au cinéma : le filmeur et le filmé, l’image et la voix, la représentation et la réalité (sujet dominant l’ouvrage) ainsi que la place du spectateur. Il apporte notamment une critique aiguisée sur la promesse des médias d’une “transparence objective”, dès lors influencée par un positionnement spécifique.

Malgré des difficultés de compréhension sur certaines sentences (dû au niveau universitaire) les arguments de l’auteur s’avèrent être véritables. Ils offrent de multiples pistes et nuances de réflexion qui incitent à une nouvelle perception du genre documentaire (certes majoritairement théoriques mais précises).

Au-delà de ces 347 pages, j’ai constaté l’innombrable quantité de problématiques que le cinéma (im)pose. C’est en fait cette indissolubilité qui produit la richesse du septième art.


Ma réflexion sur le genre documentaire s’est enrichie après cette lecture. Cette dernière a accru mon envie d’approfondir sur le sujet, notamment sur la construction d’une trame narrative au cours d’un film documentaire. Est-elle dépendante du montage, puisque la prise de vue est inédite : le documentaire scénarise-t-il donc la réalité ? Le genre se limite-t-il à la fiction ou peut-il s’en affranchir puis s’en approprier ?



 

Albane V. - 1ère L3


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