Casserini Sarah
COMPTE RENDU COURS DE CINÉMA
Le cinéma comme réconciliation est un cours de cinéma présenté par Élise Domenach, maître de conférences en études cinématographiques à l'École supérieure de Lyon, datant du vendredi 08 mai 2009.
Ce cours s’intéresse au concept de scepticisme de Stanley Cavell, et à la façon dont le cinéma nous permet de surmonter nos doutes, comment montre t-il la réconciliation et la recherche du bonheur.
Elise Domenach commence son cours en expliquant les deux voies qui s’offraient à elle pour débuter la conférence. Elle commence par s’intéresser à la question de la recherche du bonheur en citant Ralph Waldo Emerson, homme de lettres qui a permis de nous mener sur le chemin du bonheur en “embrasser le commun, explorer le familier, le proche, chercher le lointain” dans sa littérature.
Elle poursuit en s’intéressant à la recherche du bonheur au cinéma : le cinéma est une expérience que l’on partage, un plaisir collectif. Le travail du cinéma consiste à considérer le cheminement du bonheur dans nos vies. Un des ouvrages de Stanley Cavell sur le cinéma A la recherche du bonheur est le souvenir d’une époque en Amérique où le cinéma, expérience de bonheur, a fait pour une génération d’américains leur éducation sentimentale et sociale.
L’idée que le bonheur se conquière, qu’il ne nous soit pas donné et qu’il fasse l’objet d’une quête avec des échecs est un fait fondamental aux yeux de Cavell, c’est une expérience qu’il nomme sceptique : choses ordinaires et familières que sont la difficulté d’entrer en rapport avec les autres, le doute sur la possibilité que d’autres comprennent ce que l’on ressent, le partage et la possibilité de comprendre le monde qui nous entoure. C’est sur la base de ce fait que, selon lui, le cheminement du bonheur se fait.
Après avoir donc expliqué la notion du scepticisme, la femme continue son cours en expliquant que Cavell a trouvé dans le cinéma le bonheur de la réconciliation, le moyen montré le bonheur pour ce qu’il est, avec des ratages. Ceci, explique-t-elle, permet au spectateur de s’identifier aux personnages de films, et en les voyant tomber, de reconnaître son scepticisme, ses échecs et de les accepter. Elle appuie cette idée avec une citation de Stanley Cavell qui dit « la grande réconciliation qui a lieu au cinéma c’est celle de pouvoir grâce à la médiation de l’écran, reconnaître son scepticisme dans une réalité projeter et là enfin l’accepter ». En effet, il trouve dans les films la texture de nos vies morales, dont la philosophie s’est éloignée en fuyant et réprimant l’ordinaire de nos vies.
Un premier extrait est diffusé, provenant du film Un conte de Noël d’Arnaud Desplechin. Le film démarre avec un enterrement et la reconnaissance du deuil. L’extrait projeté est celui du monologue du père (Jean-Paul Roussillon) qui fait un discours lors de l’enterrement de son fils de 6ans, qui vient de mourir d’un cancer du sang. La question relevée dans cet extrait est celle de savoir comment le deuil, lorsqu’il est reconnu, rend possible et livre les clefs de son propre dépassement. En effet, c’est une scène de reconnaissance de son scepticisme, le père exprime un chagrin qui le rend comme imperméable au monde, puisqu’il en est indifférent et même joyeux.
Ce film est un exemple de films qui se concentrent sur des moments d’examens de nos vies, qui nous réconcilient avec nous mêmes.
La conférence continue ensuite sur la question du remariage et des films de remariage. Elise s’appuie sur un deuxième extrait de The Philadelphia story dans lequel nous suivons les querelles de personnes qui sont séparées, où sont énoncées les conditions d’une réconciliation possible entre elles. Leur conversation est décrite comme morale par la présentatrice, elle pose plusieurs questions comme ce qu’est d’être quelqu’un de bien, ce qu’est un mariage qui serait légitime, ce qu’est que la tolérance. Les personnages dans leur dispute reflètent le trajet du perfectionnement des êtres qui passe par des crises, des querelles et une réconciliation.
Enfin Elise Domenach finit par présenter très rapidement deux derniers extraits. Le premier provient du film Le Fils de Jean Pierre Dardenne dans lequel la bataille de ce qu’est la réconciliation qui ici se fait non pas par la parole mais par les gestes.
Le dernier extrait vient du court métrage musical de Nicolas Engel La copie de Coralie. Un homme et une femme se retrouve après de longues années. Le travail est fait sur le passage du parlé au chanté par lequel s’effectue la réconciliation. La réconciliation d’ailleurs se fait à la fois dans la réalité et dans la fiction.
Il y a un point que je trouve très important dans ce cours, c’est celui de la représentation de la texture de nos vies morales dans le cinéma. En effet, le fait de représenter nos vies, nos pensées, nos doutes, notre cheminement vers le bonheur tel qu’ils le sont est très important, puisqu’au-delà d’être un point central dans le film et dans l’évolution des personnages, il joue un rôle très important chez le spectateur. Ce dernier va pouvoir totalement s’identifier et donc comme dit précédemment, mieux accepter ses défauts, ses échecs. Comme le dit Élise Domenach, le spectateur trouve son propre bonheur à voir l’autre se « casser la gueule » et de se dire c’est aussi moi. Cela vient normaliser le fait de parfois se louper, et diminue l’inquiétude et la pression que peut avoir un être humain face à l’échec.
Ce cours de cinéma m’a donc permis de comprendre qu’un film peut jouer un rôle très important sur le spectateur. Permettre l'identification au personnage est quelque chose que je trouve désormais fondamentale, car cela peut permettre au public d’avancer dans sa vie, dans ses réflexions. J’ai également compris qu’il y a énormément de manière de faire passer un message dans un film, que ce soit par les dialogues même s'ils sont pleins de reproches, par les gestes et même par un changement dans le film (le passage au chanté par exemple). En plus de cela, ce cours m’a permis de me questionner sur ce qu’est le bonheur de manière bien plus large.
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