Carole Desbarats parle du plaisir de pleurer au cinéma dans sa conférence « Éloge des larmes » du 9 janvier 2009. Elle tente de nous faire comprendre les différents types de larmes et pourquoi nous pleurons au cinéma. Carole Desbarats s’appuie sur des extraits de films pour expliquer le rapport étroit entre le personnage à l’écran et le spectateur.
Carole Desbarats introduit son sujet en présentant les quatre éléments variables qui sont mis en place pour faire monter les larmes au spectateur et qu’il aime ça : la temporalité, l’ethnique, le sacré et l’expérience personnelle.
Vivre sa vie de Jean-Luc Godard exprime la suture entre l’écran et la salle. Le gros plan recherche les larmes ce qui fait monter l’émotion chez le spectateur. Lorsque le spectateur pleure en même temps que le personnage c’est que la situation est propice : le spectateur s’identifie au personnage.
Frank Capra a dit « j’ai avancé dans le cinéma quand j’ai compris que ce ne devait pas être le personnage qui devait pleurer mais le spectateur ». Le fait que le personnage ne pleure pas mais que le spectateur oui accentue l’émotion chez ce dernier.
Carole Desbarats explique qu’ en entrant dans la salle de cinéma le spectateur oublie la vie en dehors de cet espace. Le spectateur sait que l’écran ne projette pas la vraie vie mais il s’autorise à y croire ce qui accentue l’intensité.
La musique a un grand rôle au cinéma, elle accompagne le spectateur dans son émotion. Dans l’extrait présenté de Mirage de la vie de Douglas Sirk, à la mort de sa mère, Sarah Jane fond en larmes. La musique plus l’échelle du plan qui est large et en plongée rend la scène poignante. La musique entraine donc le spectateur à atteindre son émotion et l’échelle du plan donne comme le point de vue de Dieu.
Il est rare de voir un homme pleurer dans un film, ce sont en général les femmes et les enfants ce qui est encore plus touchant. Au 18ème siècle, pleurer n’était pas une honte, tout le monde pleurait, hommes et femmes confondus. Au 19ème siècle, une retenu c’est installée avec la bourgeoisie, pleurer devenait trop mélodramatique.
La route de Maddison de Clint Eastwood montre qu’il faut voir la ligne entre le mal et le bien. Même si on sait que ça va mal finir il y a toujours l’espoir d’une fin heureuse.
Allemagne année zéro de Rossellini présente au contraire l’incapacité de pleurer devant une scène brutale. Le suicide du garçon est si brutale que les larmes ne montent pas sous le choc.
À 20 minutes de la conférence, Carole Desbarats parle du spectateur qui est à l’abri, qui a payé sa place pour aller voir quelque chose qui n’est pas la vraie vie mais pourtant il arrive à en être bouleversé, révolté... Le cinéma provoque des émotions et des réactions chez le spectateur que la vraie vie ne fait pas. Le spectateur doit oublier toute vie réelle pour se focaliser sur des images qui ressemblent au réel. Il faut donc des situations propices pour aller vers une intensité émotionnelle. Le fatum, la question du destin met le personnage en souffrance ce qui amène donc l’intensité émotionnelle chez le spectateur. Le spectateur ressent alors de l’empathie pour le personnage. Si en plus des valeurs sont mises en avant comme la justice, le spectateur est dans une position d’opposition.
Les paramètres personnels sont aussi très importants. selon ce que le spectateur aura vécu avant il va s’identifier plus au moins au personnage.
Il est, je trouve, intéressant de comprendre d’où les larmes viennent pour pouvoir provoquer cette réaction chez le spectateur dans nos propres films.
J’ai toujours voulu réaliser des films touchants, je pense donc que cette conférence a été la bonne pour moi. Je veux faire du cinéma pour toucher, bouleverser la personne qui entre dans la salle de cinéma et qui s’abandonne à laisser la vraie vie en dehors. Personnellement j’aime aller au cinéma pour ressentir des émotions fortes. Selon moi les meilleurs films sont ceux auxquels on reste accroché du début à la fin et où quand on sort de la salle on se pose des questions. Les larmes des spectateurs sont travaillées durant toute l’intrigue jusqu’au moment fatidique et je trouve cela fascinant.
Nous pouvons également voir l’évolution des larmes au cinéma au cours du temps, des siècles. C’est dommage que les gens se laissent moins aller au plaisir libérateur des larmes. Ce n’est pas être faible de pleurer devant un film, c’est ressentir ce que le personnage ressent et être empathique envers lui.
La scène finale de Allemagne année zéro m’a choquée, je ne m’attendais pas à autant de brutalité et je voudrais voir le film entièrement pour pouvoir ressentir d’autres émotions aussi fortes.
Maintenant que j’ai vu cette émission je pense que j’en verrais d’autres pour approfondir ma connaissance sur la peur par exemple.
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