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  • Premières Camille Vernet

Nouvelle #1 de Macha B.


 

C'est toujours plus compliqué le lundi. Le fait de savoir qu'il va falloir encore subir toute cette pression, 
supporter cette solitude immense et puis, le regard des autres et toutes ces angoisses, ça te paralyse, 
ça t'empêche de penser correctement. Et puis les semaines s'enchaînent et toi tu es là, tu erres sans but. 
Tu continues sans savoir pourquoi. Mais là, tu as puisé dans tes dernières ressources, tu es à bout, 
tu te sens complètement coincée dans cette horrible routine. Et tu ne peux pas supporter autant de choses à la fois.
Dans la nuit de dimanche à lundi, les heures défilent toujours à toute vitesse et l'horloge tourne sans que tu ne puisse fermer l'œil. 
Tu tournes dans ton lit au même rythme que les pensées qui tournent dans ta tête et, ensemble, vous formez un désastre ambulant.
 Il ne reste plus rien, elles ont pris le pas sur toi. Tu es brisée en mille morceaux, réduite à néant, tu n'es plus que de la poussière 
balayée par le vent. 
Tu es si perdue, tu ne peux pas faire taire ces pensées, alors, bien sûr, tu ne trouves pas le sommeil et pourtant, 
tu dois dormir, il le faut.
Seulement, les inquiétudes et les craintes, la tristesse et le vide, le désespoir et les souvenirs, forment un cocktail assez dangereux. 
Après des heures passées à patauger dans tes idées noires, tu essayes d'oublier, tu mets des choses en place pour faire passer 
les angoisses.
Tout est en désordre à l'intérieur alors pour reprendre le contrôle et t'arranger un peu, tu remets de l'ordre à l'extérieur. 
Tu passes quelques heures de plus à ranger tout ce qui te passe sous la main, tu organises, tu tries et tu jettes sans que
 tu puisse t'arrêter. Et malgré tout, les idées tambourinent sans que tu puisse les arrêter. Et tu te cognes, tu tapes de partout, 
juste pour te focaliser sur la douleur, juste pour que tout le reste disparaisse. 
Tu es épuisée mais visiblement pas au point de t'endormir, donc, tu décides de fatiguer ton corps un peu plus, dans l'espoir que 
ton âme suivra et qu'ils sombreront enfin tous les deux. 
C'est mauvais de faire du sport le soir, surtout avant d'aller se coucher; mais, au point où tu en es, c'est toujours mieux que 
ce qui occupe ton esprit. Après un long moment d'efforts intenses, tu trembles et tu n'y vois plus grand chose, tu as mal de partout 
et tu te sens engourdie, ton souffle saccadé t'empêche de reprendre le cours de tes pensées. Alors, tu t'effondres. Ton corps a fini 
par lâcher et le reste n'a plus d'autre choix que d'obtempérer. Tu sens un dernière fois le carrelage froid sous ton dos puis tu 
t'enfonces dans cet étrange état d'inconscience.
Et là, c'est soit le noir complet, soit les cauchemars qui se répètent. Tu ne sais toujours pas ce qui est le mieux, ou en tout cas, 
le « moins pire ». Tu es incapable de différencier les cauchemars de la réalité et donc, quand tu te réveilles, tu es complètement 
bouleversée, incapable de reprendre tes esprits, tu suffoques, tu perds pieds à nouveau. Tes mains tremblent et tu ne peux plus 
bouger. Mais te retrouver dans le noir complet n'est peut-être pas mieux, ça montre simplement à quel point tu es vide, à quel 
point tu es seule. Ça te donne l'impression d'avoir tout perdu, de n'être plus qu'un corps qui déambule sans rien ressentir. 
Au final, fermer les yeux devient aussi pénible qu'être éveillée. 
Deux misérables heures plus tard, tu ouvres les yeux, ton dos te fait terriblement mal, tout comme tes jambes et tes bras, 
pourtant, tu te lèves et te hisses jusqu'à ton lit. A peine allongée, le réveil sonne.
Qu'est-ce qui te traverse l'esprit à ce moment-là ? 
Tu te demandes si ça en vaut vraiment la peine. Si ton absence changera quelque chose au final. Tu essayes de savoir comment
 tu vas pouvoir tenir une semaine de plus. En fait, tu n'es même pas sûre de pouvoir tenir un jour de plus. Peut-être que la seule 
solution pour échapper à tout ça c'est de partir. Parce que tu n'en peux plus, parce que tout est trop lourd à porter, parce que tout
est désordonné. Tu n'y arriveras jamais, tu n'es même pas capable de contrôler ce qui passe dans ta tête.
Pourtant, il faut se lever, pour éviter que quelqu'un ne s'aperçoive de ce qu'il t'arrive, pour avoir le temps de tout préparer,
de trouver une échappatoire définitive.
Tu vas en cours comme si de rien n'était et, bon sang, tu souris, tu souris à en avoir mal au visage, tu fais tout pour qu'on pense 
que tout va bien, même si derrière cette expression hypocrite, tu sais que rien n'est à sa place à l'intérieur et que tu ne pourras 
pas arranger ça cette fois. 
Tu es en classe depuis ce matin, c'est seulement lundi, et pourtant on dirait que la semaine a commencé depuis une éternité.

L'anxiété prend vraiment le pas sur moi et je ne sais même plus me comporter normalement, chaque fois que je sors, 
je suis terrifiée à l'idée de me mettre à suffoquer, d'oublier de respirer, de trembler et de ne plus pouvoir faire quoi que ce soit.
Je ne sais pas pourquoi ça m'arrive, ça surgit n'importe quand, n'importe où. Tout ce que je sais, c'est que parfois, 
je préférerais m'étouffer une bonne fois pour toutes plutôt que de me relever.
Macha B. - 1ère L3
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