Présentation du cours :
Titre : Ciné-philo : la frontière homme-animal
Auteur : Ollivier Pourriol
Date : 23 janvier 2021
Résumé : Qu’est ce qui sépare les êtres humains des animaux ? Si on place la frontière entre l’instinct et l’intelligence, ne faut-il pas reconnaître que les animaux ont, eux aussi, leur intelligence ? Et que nous leur envions souvent leur instinct ? Comment dans les films, cette frontière est changeante que ce soit d’un côté ou de l’autre, avec des humains trop animaux, ou des animaux trop humains ?
Les grandes parties :
L'anthropomorphisme (anthropos : l’homme, morphisme : en forme de) tendance de l’être humain à projeter ses sentiments, ses pensées sur des être vivants ou non. Cette partie se base des extraits des 101 dalmatiens.
Traverser la frontière homme-animal grâce à la fiction. Comment la fiction permet de briser certaines règles comme les modifications génétiques ou les métamorphoses. Cette partie s’appuie sur les extraits de Spiderman.
Les sociétés humaines des animaux. C’est la façon qu’ont les animaux à travers la fiction de montrer que les sociétés des hommes et des animaux ont des points communs. Ces films permettent de porter un jugement sur les sociétés humaines et sur nos comportements.
Extraits diffusés :
Les 101 dalmatiens : Clyde Geronimi, Wolfgang Reitherman, Hamilton Luske, 1961
Scène d’ouverture
Dans le repère des méchants
Spiderman 1 : Sam Raimi, 2002
La morsure
La transformation
La découverte des pouvoirs
La planète des singes : Franklin J. Schaffner, 1968
Des singes de laboratoire
Une société de singes humaine
L’étoffe des héros : Philip Kaufman, 1983
Qui envoyer en premier : les singes ou les hommes ?
L’humain comprend pourquoi il risque sa vie
Un point intéressant :
Anthropomorphisme : “tel chien, tel maître”. Au début des 101 dalmatiens, on pense que la voix off est celle du pianiste alors que c’est le chien qui parle : on a son point de vue. Ici, c’est le chien le maître de l’homme car il décide pour lui de sa situation amoureuse avec la mise en place d’une rencontre.
Lors de l’observation des passants, il y a un mimétisme qui est l’adaptation par l’imitation entre les deux éléments du couple homme-animal. Cela permet de créer un effet comique lors des réactions de Pongo. Ici aussi, on peut avoir l‘impression que c’est le chien qui est le maître de son maître car il est devant et c’est lui qui semble “promener” son maître. Sa présence dans la vie de l’homme entraîne également des conséquences sur le quotidien.Il faut le sortir, dépenser de l’argent en soins, objets et en nourriture, prévoir ses vacances différemment en fonction des lieux et activités disponibles aux chiens ou alors prévoir un membre de la famille chez qui il pourrait rester.
Le mimétisme des chiots : Les chiots qui ont été volés, donc ceux étant domestiqués, ont des colliers par rapport aux autres qui ont été achetés et qui n’ont jamais eu de maître. Également, les chiots domestiqués regardent la télévision par rapport aux autres qui dorment. On peut parler d’animalité humanisée : les chiots ont un rythme de vie, un rapport à la nourriture et un rapport social à l’image des humains.
Je trouve ce point particulièrement intéressant car il montre d’un certain point de vue, le fait que l’homme aimerait tout contrôler même ce qui semble incontrôlable. Le fait “d'anthropomorphiser” ou de “mimétiser” les animaux permet à l’homme d’avoir un compagnon à son image. Ainsi, ce compagnon sera en principe, toujours d’accord avec nous et ne devrait pas nous opposer de résistance (à condition de bien le traiter). L’homme qui est un animal social peut donc “s’allier” à un animal domestique lui aussi social et ainsi, ayant des modes de vie similaires, avoir un compagnon “ad vitam aeternam”.
Conclusion :
Histoire du cinéma : Aujourd’hui, il serait difficile de faire un film comme cela car Pongo se base uniquement sur les attraits physiques des couples maîtresse-chien. “Je ne voyais pas pourquoi il ne méritait pas d’avoir une compagne séduisante” dit-il en parlant de son maître. "Étrange spécimen", “qu’est-ce que c’est que ça ?” et “trop aguichant (séduisant, provocant)” sont quelques unes des remarques qu’il tient. Malgré tout, il ne faut pas sortir ce film de son époque (1961).
Réflexions : Est-ce bien “d’humaniser” à ce point les animaux dans les films ? Et qu’en est-il des conditions de vie des animaux acteurs ? Ils doivent parfois réaliser des actions pas naturelles pour eux et le fait de vivre “différent” des autres animaux de leurs espèces a-t-il un impact plutôt négatif ou positif sur eux ?
Idées reçues au cinéma : Dans certains films, les animaux ont une place importante en tant que second voir premier rôle. Il ne faut pas oublier que ce sont eux aussi des acteurs. On se dit souvent qu’ils sont entraînés à cela, qu’on prend soin d’eux mais pourtant, ils peuvent être maltraités et ils ne sont pas toujours considérés comme des acteurs à part entière.
Par exemple, dans The Artist, S. T. VanAirsdale, un éditeur de Movieline a lancé une campagne pour que Uggie le chien puisse recevoir une nomination aux Oscars. La British Academy of Film and Television Arts avait jugé que “Uggie n’est pas un humain et son unique motivation en tant qu’acteur sont les saucisses.”
Il faut à l’avenir changer la façon d’utiliser les animaux dans les productions de films. Par exemple, avec le cas d’animaux sauvages, utiliser les images de synthèse et pour les animaux dit domestiques, mettre en place des visas obligatoires. La fondation 30 millions d’amis délivre, après des contrôles, un visa pour les films français. Il certifie que le lieu de vie de l’animal, son transport jusqu’aux lieux de tournage et les conditions de tournage respectent des normes. L’American Humane Association basée en Amérique fait ces contrôles mais seulement sur les tournages.
Des prolongements fait :
Film à voir : Dominion par Chris Delforce réalisé en 2018. C’est un documentaire sur la dénonciation de la condition animale dans l’alimentation, l'habillement, le divertissement et la recherche. Il est en libre accès sur internet mais je conseille aux âmes sensibles de s’abstenir. https://www.imagotv.fr/documentaires/dominion
Livre : L’homme chevreuil de Geoffroy Delorme (disponible au cdi). Cet homme a passé 7 ans parmi les chevreuils. Comment cette expérience remet-elle en cause le fait que l’homme peut “régresser” et traverser la frontière de ce qui le différencie de l’animal. Grâce à la fiction, c’est notamment l’inverse qui se produit : soit l’animal s’élève vers une condition humaine, soit l’animal donne à l’homme quelques unes de ses facultés.
Existe en podcast sur Les Pieds sur Terre : https://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/lhomme-chevreuil
Sites :
Forum des images https://www.forumdesimages.fr/les-programmes/toutes-les-rencontres/cine-philo-la-frontiere-homme-animal
30 millions d’amis https://www.30millionsdamis.fr/actualites/article/5471-le-cinema-un-enfer-pour-les-animaux-acteurs/
Cairn info, revue écologie et politique (Oublier la frontière homme-animal par Dominique Lestel et travailler à faire semblant : les animaux au cinéma par Jean Estebanez, Jocelyne Porcher et Julie Douine)
https://www.cairn.info/revue-ecologie-et-politique-2017-1-page-103.htm https://www.cairn.info/revue-le-carnet-psy-2009-9-page-26.htm
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